Les salons de manucure dangereux pour les travailleurs

By Christina Phillis

Une nouvelle étude à l’université du Colorado à Boulder a trouvé que les travailleurs en salon de manucure ont un risque élevé de problèmes sérieux de santé.

Les chercheurs ont surveillé les niveaux de composés organiques volatils (VOCs) dans six salons au Colorado et ont trouvé des niveaux élevés de formaldéhyde, de benzène, et d’autres polluants intérieurs. Bien que la présence de VOCs est très connue aux salons de manucure, il s’agit de l’une des premières études à évaluer les effets de l’exposition à long terme sur les travailleurs.

« L’étude fournie certaines des premières preuves tangibles que ces environnements sont dangereux pour les employés et que de meilleures politiques doivent être mises en place afin de les protéger, » a dit Lupita Montoya, auteure principale et associée de recherche au « Department of Civil, Environmental and Architectural Engineering » (département de génie civil, environnemental et architectural) du CU à Boulder.

Les auteurs de l’étude ont comparé les conditions de travail en salon de manucure à celles en raffinerie de pétrole ou en atelier de mécanique automobile.

Conditions dangereuses

Les chercheurs ont mesuré les niveaux de benzène, de toluène, d’éthylbenzène, de xylènes (BTEX), et de formaldéhyde. Le benzène, un composé lié à la leucémie, était présent dans tous les six salons à des concentrations plus hautes que prévues. Les niveaux de formaldéhyde étaient similaires à ceux mesurés à d’autres endroits.

Cette information, combinée aux pratiques en matière d’emploi et de sécurité ainsi que les symptômes rapportés par les participants à l’étude, rend la situation particulièrement troublante. Les travailleurs rapportent une moyenne de 52,5 heures de travail par semaine, avec quelques-uns travaillant jusqu’à 80 heures par semaine. La majorité (70 %) ont déclaré au moins un symptôme indésirable : maux de tête, irritations cutanées, ou irritations des yeux.

Selon l’« Environmental Protection Agency » (EPA) des É-U, une exposition à long terme aux composés carcinogènes comme ceux normalement retrouvés dans les salons de manucure hausse considérablement les risques des travailleurs à développer la leucémie et le lymphome de Hodgkin. L’étude a également constaté que le risque de cancer à vie des travailleurs à certains salons était plus de cent fois plus élevé que les prévisions de base émises par l’EPA.

"Les auteurs de l’étude ont comparé les conditions de travail en salon de manucure à celles en raffinerie de pétrole ou en atelier de mécanique automobile."

Les clients ne font pas face au même niveau de risque, puisque la durée de l’exposition est considérablement plus courte, mais les femmes enceintes et les personnes qui souffrent d’un asthme grave sont plus à risque que d’autres.

« Ça dépend combien de temps vous passez dans et autour de cet environnement, » a dit Montoya. « Les clients passent une fraction du temps au salon par rapport aux travailleurs. À moins qu’ils souffrent d’allergies sévères ou d’asthme, les clients n’ont pas besoin de s’en soucier. »

Solutions créatives

Pour la majorité des salons de manucure, les solutions pour corriger la situation pourraient s’avérer problématiques. La plupart sont des petites entreprises qui emploient principalement des populations minoritaires et n’ont pas les moyens financiers pour adresser ces enjeux. Les auteurs de l’étude ont recruté des d’ingénieurs et artistes afin de développer des systèmes moins coûteux qui pourraient être installés dans les salons sans interrompre les activités.

Une idée comprend l’usage de matériaux absorbants comme le charbon ou le bois traité thermiquement pour retirer les VOCs de l’air. Des matériaux comme ceux-ci ont une forte affinité pour les molécules organiques comme les composés BTEX. Le seul bémol est que ce processus peut prendre longtemps. « Nous avons vu un taux élevé de retrait de VOCs par cette méthode dans un laboratoire aux conditions contrôlées — presque cent pour cent, » a dit Lamplugh. « Nous sommes en train de l’optimiser pour la vie réelle, où les conditions sont moins prévisibles. »

Une autre option en cours d’élaboration est l’usage de matériaux à base de charbon activé afin de créer des œuvres d’art dignes de galeries pour les murs. Des petits jets au bout de chaque table pourraient diriger les émanations chimiques vers l’œuvre, lui permettant d’absorber les substances nocives tout en créant une atmosphère plaisante.

Le mélange de science, de technologie, et de l’art est non seulement joli, il peut être une façon pratique et efficace d’aborder des problèmes réels hors du laboratoire.

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Reference